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800 millions de personnes sous-alimentées dans le monde

Près de 800 millions de personnes ne mangent pas à leur faim dans le monde, dont la moitié environ vit en Asie. Après quinze années de recul, la sous-alimentation repart à la hausse.

Publié le 4 octobre 2022

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Modes de vie Santé

770 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO, estimations 2021). Entre 2000 et 2014, la part de la population mondiale qui ne mangeait pas à sa faim a régulièrement diminué, passant de 13 % à 8 %. Elle a stagné ensuite et repart à la hausse depuis 2019. Après quinze années de recul de la faim dans le monde, les progrès semblent stoppés.

Lecture : 768 millions de personnes dans le monde sont sous-alimentées en 2021.

Source : estimations de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture – © Observatoire des inégalités

Graphique Données

Un fléau inégalement répandu dans le monde

Selon les régions du monde, les écarts en terme de sous-alimentation sont énormes. Près d’un quart de la population d’Afrique subsaharienne souffre de la faim en 2021, soit 261 millions de personnes. Le pourcentage de personnes sous-alimentées y a baissé de 27 % à 23 % entre 2001 et 2021, mais leur nombre a augmenté de 81 millions du fait de l’accroissement de la population, passée de 683 millions de personnes en 2001 à plus d’un milliard aujourd’hui.

En Asie, 9 % de la population est touchée, soit 425 millions de personnes. Les progrès ont été énormes dans cette région du monde : le nombre d’individus qui souffrent de sous-alimentation a diminué de 126 millions par rapport à 2001, alors que sa population a augmenté de près de 850 millions sur la période. La faim a pratiquement disparu de l’Asie de l’Est, région qui comprend la Chine. En Asie du Sud, en revanche, c’est-à-dire l’Inde et ses voisins, les progrès sont minces. Si la proportion de la population qui souffre de sous-alimentation a reculé de deux points, de 18 % à 16 % entre 2001 et 2021, le nombre de personnes concernées est plus élevé qu’il y a 20 ans du fait de la croissance démographique. Le sous-continent indien abrite à lui seul 334 millions de personnes sous-alimentées, autant que cinq fois l’ensemble de la population française.

La sous-alimentation par grande région du monde
2001

2021

Nombre (en millions)Taux (en %)Nombre (en millions)Taux (en %)
Asie551154259
- dont Asie de l'Est14510n.d.*< 2,5
- dont Asie du Sud et Asie centrale2801833416
- dont Asie du Sud-Est10921436
- dont Asie de l'Ouest1792810
Afrique1942327820
- dont Afrique subsaharienne1802726123
- dont Afrique du Nord158177
Amérique latine et Caraïbes5611579
Monde8161376810
* non disponible. Lecture : en 2021, 425 millions de personnes sont sous-alimentées en Asie, soit 9 % de la population.
Source : estimations de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture – © Observatoire des inégalités

Un renversement de tendance

En 2020, la pandémie de Covid et les confinements ont exposé les populations les plus pauvres à la faim, dans les régions où les États sont moins protecteurs qu’en Europe. La spéculation qui pousse à la hausse les cours mondiaux du blé, du riz et des hydrocarbures, déclenchée notamment par l’invasion de l’Ukraine en 2022 par la Russie, augmente les difficultés dans de très nombreux pays. « Il y a un risque de famines en Afrique et dans les pays arabes les plus pauvres », alerte José Graziano da Silva, ancien directeur général de la FAO [1].

Mais l’arrêt des progrès en matière d’alimentation mondiale remonte à 2017, bien avant ces nouvelles crises qui n’ont fait qu’aggraver des situations déjà dégradées. S’agit-il d’une pause ou d’un retournement de tendance ? Il est trop tôt pour le dire. En cause : l’inégale répartition des richesses et le fait que les populations locales dépendent toujours plus d’importations de céréales, au détriment de cultures vivrières locales. S’y ajoutent les conflits armés, les catastrophes naturelles et la démographie. Les causes de l’insécurité alimentaire mondiale sont nombreuses et se cumulent souvent. Dans de très nombreux pays, la situation des plus pauvres ne semble pas être la première préoccupation des dirigeants quand ces derniers ne visent pas purement et simplement leur enrichissement personnel. La mobilisation internationale reste timorée.

Souffrir de la faim, c’est quoi ?
Pour la FAO, la sous-alimentation est définie comme la situation dans laquelle un individu n’a pas accès à une quantité de nourriture « suffisante pour fournir l’apport énergétique alimentaire nécessaire à une vie normale, active et en bonne santé ». Elle est mesurée par la part de la population ayant un apport énergétique alimentaire inférieur à un seuil prédéterminé. Ce seuil est fixé par pays « en termes de kilocalories nécessaires pour mener une vie saine et pratiquer une activité physique modérée ». Souffrir de la faim, c’est subir des privations alimentaires.

Photo / CC BY SA Parij Borgohain

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Date de première rédaction le 14 novembre 2009.
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