Le palmarès des villes françaises les plus inégalitaires
Neuilly-sur-Seine est la grande ville la plus inégalitaire de France. À l’autre bout de l’échelle, Beaupréau-en-Mauges, dans le Maine-et-Loire, est la commune où les inégalités de revenu sont les moins élevées.
Publié le 18 juillet 2023
https://inegalites.fr/Le-palmares-des-villes-francaises-les-plus-inegalitaires - Reproduction interditeNeuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) arrive en tête de notre classement des 20 villes de plus de 20 000 habitants les plus inégalitaires en termes de revenus. Les 10 % les plus riches y disposent de revenus près de huit fois plus élevés (au minimum 10 000 euros par mois) que les habitants les 10 % les plus pauvres (au mieux 1 250 euros), selon les données 2020 de l’Insee. Au niveau de la France métropolitaine, ce rapport est de 3,4. La ville de Paris arrive en seconde position : les 10 % les plus aisés, avec au moins 6 000 euros mensuels, touchent six fois plus que les 10 % les plus modestes de la capitale (au maximum 900 euros par mois).
La région parisienne est surreprésentée dans ce classement des grandes villes les plus inégalitaires. Quatorze de nos 20 communes y sont situées. La majorité des communes inégalitaires d’Île-de-France se trouvent dans les Hauts-de-Seine (Neuilly-sur-Seine, Boulogne-Billancourt, Saint‑Cloud, Asnières-sur-Seine, Levallois-Perret, Sèvres, Suresnes, Meudon, Courbevoie et Bois-Colombes). Les écarts de revenus entre les 10 % les plus riches et les 10 % les plus pauvres y sont de 4 000 à plus de 8 000 euros par mois. D’autres grandes villes de la région parisienne apparaissent aussi dans ce classement comme Saint-Mandé (Val-de-Marne) ou Saint-Germain-en-Laye et La Celle-Saint-Cloud dans les Yvelines. Dans toutes ces villes, les revenus des plus riches sont, au minimum, entre quatre et huit fois plus élevés que ceux des plus pauvres.
Ville inégalitaire ou égalitaire : et alors ? |
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Il faut utiliser les données territoriales avec beaucoup de précaution. On compare des villes de 20 000 habitants à celle de Paris qui en comprend un peu plus de deux millions. Certaines sont isolées, d’autres constituent les banlieues riches ou pauvres de grandes agglomérations. Les limites administratives établies jouent sur notre classement. Il faut aussi éviter de tirer des conclusions trop rapides. Certaines villes de notre classement sont inégalitaires, on pourrait dire « par le haut », parce qu’une partie de leur population pauvre est partie faute de pouvoir se loger en raison d’une offre de logement social limitée par exemple. C’est le cas notamment dans l’Ouest parisien. D’autres sont, au contraire, inégalitaires « par le bas » parce les pauvres sont davantage présents. Les inégalités peuvent traduire des formes différentes de mixité sociale. Pour affiner ces constats, il serait intéressant d’observer non pas les inégalités en tant que telles mais le degré et la forme de la ségrégation à l’œuvre entre les quartiers de ces différentes villes. |
Des villes inégalitaires riches, mais aussi pauvres
Ces inégalités de revenus s’expliquent d’abord parce que certaines de ces grandes villes abritent les populations les plus riches. Neuilly-sur-Seine, la ville française la plus inégalitaire en termes de revenus, est aussi la plus riche de France. Le revenu annuel médian de ses 60 000 habitants [1]est de 4 000 euros par mois, soit deux fois plus élevé que la moyenne nationale (1 900 euros). Les plus riches y sont extrêmement riches. De même, à Saint-Cloud, toujours dans les Hauts-de-Seine, la sixième ville la plus inégalitaire, le revenu médian est de 3 200 euros par mois et les plus riches touchent au minimum près de 7 000 euros par mois.
À Paris, en deuxième position de notre classement des villes les plus inégalitaires, le niveau de vie médian mensuel s’élève à 2 400 euros, soit 1,6 fois moins qu’à Neuilly-sur-Seine, mais les Parisiens les plus aisés ont tout de même un revenu mensuel minimum élevé : 6 000 euros. Paris est une ville inégalitaire parce qu’elle abrite aussi des personnes pauvres (15 % de la population vit sous le seuil de pauvreté fixé à 60 % du revenu médian selon l’Insee), près de deux fois plus qu’à Neuilly-sur-Seine (8 %). La capitale est une ville hétérogène en matière de revenus.
Une ville inégalitaire peut aussi l’être parce qu’une partie de sa population est très pauvre, c’est-à-dire que les inégalités se creusent par le bas. Saint-Denis de La Réunion illustre bien cette situation. Les plus pauvres de ses habitants ont des revenus très bas (au maximum 800 euros par mois, en-dessous de la moyenne de la France métropolitaine qui est de 1 000 euros). Si les plus riches habitants de Saint-Denis gagnent près de cinq fois plus, leurs revenus mensuels minimum (3 400 euros) n’atteignent pas des sommets comme à Neuilly-sur-Seine ou à Saint-Cloud, par exemple. Annemasse, en Haute-Savoie, ou Nancy sont aussi dans ce cas, mais dans une moindre proportion tout de même.
Les 20 villes les plus inégalitaires Unité : euros | |||||
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Revenu maximum des 10 % les plus modestes en euros | Revenu médian* en euros | Revenu minimum des 10 % les plus aisés en euros | Écart entre le revenu minimum des 10 % les plus riches et celui maximum des 10 % les plus pauvres | Rapport entre le revenu minimum des 10 % les plus aisés et celui maximum des 10 % les plus modestes | |
Neuilly-sur-Seine (92) | 1 248 | 3 798 | 9 798 | 8 550 | 7,9 |
Paris (75) | 918 | 2 399 | 5 685 | 4 768 | 6,2 |
Thionville (57) | 877 | 1 993 | 4 638 | 3 761 | 5,3 |
Annemasse (74) | 808 | 1 811 | 4 287 | 3 478 | 5,3 |
Boulogne-Billancourt (92) | 1 167 | 2 841 | 6 082 | 4 915 | 5,2 |
Saint-Cloud (92) | 1 330 | 3 204 | 6 743 | 5 413 | 5,1 |
Saint-Louis (68) | 884 | 1 941 | 4 400 | 3 516 | 5,0 |
Asnières-sur-Seine (92) | 956 | 2 276 | 4 653 | 3 697 | 4,9 |
Levallois-Perret (92) | 1 193 | 2 783 | 5 907 | 4 713 | 4,9 |
Sèvres (92) | 1 194 | 2 750 | 5 803 | 4 608 | 4,9 |
Saint-Mandé (94) | 1 273 | 2 930 | 6 272 | 4 999 | 4,9 |
Saint-Germain-en-Laye (78) | 1 200 | 2 689 | 5 773 | 4 573 | 4,8 |
Suresnes (92) | 1 134 | 2 569 | 5 331 | 4 197 | 4,7 |
Meudon (92) | 1 120 | 2 484 | 5 189 | 4 069 | 4,6 |
La Celle-Saint-Cloud (78) | 1 167 | 2 403 | 5 298 | 4 131 | 4,5 |
Courbevoie (92) | 1 098 | 2 612 | 4 983 | 3 885 | 4,5 |
Saint-Denis (974) | 762 | 1 481 | 3 424 | 2 663 | 4,5 |
Bordeaux (33) | 913 | 1 988 | 4 005 | 3 092 | 4,4 |
Nancy (54) | 828 | 1 817 | 3 656 | 2 828 | 4,4 |
Bois-Colombes (92) | 1 151 | 2 624 | 5 028 | 3 877 | 4,4 |
France métropolitaine | 993 | 1 867 | 3 327 | 2 334 | 3,4 |
Source : Insee – Données 2020 – © Observatoire des inégalités
Les villes les plus égalitaires
Trois villes de plus de 20 000 habitants du Maine-et-Loire (Beaupréau‑en‑Mauges, Sèvremoine et Chemillé‑en‑Anjou) occupent le haut du classement des grandes villes les plus égalitaires. Elles illustrent une certaine homogénéité des revenus de leurs habitants. Les 10 % les plus riches bénéficient au moins de 3 000 euros par mois quand les 10 % les plus pauvres gagnent au maximum 1 200 euros (contre 1 000 euros pour la moyenne nationale), soit deux fois moins. Les plus aisés y touchent « seulement » 1 500 euros de plus par mois, alors que cet écart est de 5 000 euros à Paris et même de près de 9 000 euros à Neuilly-sur-Seine.
Les 20 villes les moins inégalitaires sont toutes des villes moyennes de province, majoritairement situées dans l’ouest ou le nord de la France, et au niveau de vie en général proche de la moyenne française (le revenu médian national est de 1 900 euros par mois). Malgré tout, deux villes du Nord (Grande‑Synthe et Wattrelos) et deux du Pas-de-Calais (Bruay‑la‑Buissière et Liévin) font exception. Dans ces communes classées parmi les plus égalitaires, les écarts de revenus sont tirés par le bas parce que les 10 % les plus pauvres de leurs habitants disposent de ressources faibles (au maximum environ 900 euros par mois) et les riches n’ont pas des revenus élevés, en moyenne 2 300 euros au minimum, voire un peu moins comme à Grande‑Synthe, un montant nettement inférieur à la moyenne nationale.
Les 20 villes les moins inégalitaires Unité : euros | |||||
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Revenu maximum des 10 % les plus modestes en euros | Revenu médian* en euros | Revenu minimum des 10 % les plus aisés en euros | Écart entre le revenu minimum des 10 % les plus riches et celui maximum des 10 % les plus pauvres | Rapport entre le revenu minimum des 10 % les plus aisés et celui maximum des 10 % les plus modestes | |
Beaupréau-en-Mauges (49) | 1 178 | 1 768 | 2 630 | 1 452 | 2,2 |
Sèvremoine (49) | 1 222 | 1 821 | 2 738 | 1 516 | 2,2 |
Chemillé-en-Anjou (49) | 1 148 | 1 777 | 2 668 | 1 521 | 2,3 |
Montaigu-Vendée (85) | 1 274 | 1 935 | 2 958 | 1 683 | 2,3 |
Couëron (44) | 1 211 | 1 999 | 3 036 | 1 825 | 2,5 |
Le Grand-Quevilly (76) | 1 019 | 1 699 | 2 543 | 1 523 | 2,5 |
Coudekerque-Branche (59) | 993 | 1 678 | 2 598 | 1 606 | 2,6 |
Grande-Synthe (59) | 833 | 1 356 | 2 183 | 1 351 | 2,6 |
Challans (85) | 1 129 | 1 844 | 2 968 | 1 838 | 2,6 |
Hazebrouck (59) | 1 022 | 1 715 | 2 771 | 1 749 | 2,7 |
Wattrelos (59) | 903 | 1 583 | 2 453 | 1 550 | 2,7 |
Les Pennes-Mirabeau (13) | 1 218 | 2 148 | 3 450 | 2 233 | 2,8 |
Saint-Médard-en-Jalles (33) | 1 258 | 2 185 | 3 465 | 2 207 | 2,8 |
Villenave-d'Ornon (33) | 1 080 | 1 928 | 3 046 | 1 966 | 2,8 |
La Chapelle-sur-Erdre (44) | 1 308 | 2 275 | 3 644 | 2 337 | 2,8 |
Vertou (44) | 1 321 | 2 228 | 3 757 | 2 436 | 2,8 |
Lanester (56) | 970 | 1 720 | 2 688 | 1 718 | 2,8 |
Bruay-la-Buissière (62) | 843 | 1 417 | 2 353 | 1 510 | 2,8 |
Liévin (62) | 848 | 1 453 | 2 384 | 1 536 | 2,8 |
Cournon-d'Auvergne (63) | 1 101 | 1 940 | 3 048 | 1 947 | 2,8 |
France métropolitaine | 993 | 1 867 | 3 327 | 2 334 | 3,4 |
Source : Insee – Données 2020 – © Observatoire des inégalités
Photo / CC BY Anthony Delanoix
[1] Il s’agit plus précisément du nombre de personnes dans les ménages fiscaux.
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