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L’obésité touche de manière inégale les milieux sociaux

L’obésité est deux fois plus fréquente chez les ouvriers et les employés que chez les cadres supérieurs. Une inégalité en augmentation depuis vingt ans.

Publié le 27 octobre 2022

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Modes de vie Catégories sociales Santé

L’obésité [1] est près de deux fois plus répandue au sein des catégories les plus modestes (18 % chez les ouvriers et les employés) que chez les catégories plus aisées (10 % chez les cadres supérieurs), selon l’édition 2020 de l’étude Obépi-Roche [2]. En vingt ans, la part de personnes obèses parmi l’ensemble des adultes a progressé de près de sept points, passant de 10 % en 2000 à 17 % en 2020. Aujourd’hui, près de 8,6 millions de personnes sont concernées. L’augmentation de la fréquence de l’obésité a touché autant les femmes que les hommes, ainsi que toutes les tranches d’âge, selon cette étude.

De la même façon, tous les milieux sociaux ont connu une hausse de la proportion d’adultes obèses au cours de cette période. Cependant, l’extension de l’obésité se limite à 2,5 points supplémentaires en 20 ans chez les cadres supérieurs, tandis qu’elle est de neuf points chez les employés et de huit points chez les ouvriers. Les inégalités sociales se sont donc accrues sur la période : si les ouvriers étaient à peine 1,5 fois plus concernés en 2000 que les cadres supérieurs, ce rapport atteint deux fois plus en 2020.

Le milieu social participe en effet fortement à la détermination de l’obésité. L’étude précédente, menée en 2012, montrait d’abord l’importance du revenu : à cette époque, plus de 25 % des adultes vivant dans un foyer aux revenus mensuels inférieurs à 900 euros par mois étaient obèses, contre 7 % de ceux qui disposaient de 5 300 euros et plus. Le niveau de diplôme a aussi été mis en évidence. Le taux d’obésité était trois fois plus élevé chez les personnes d’un niveau d’instruction équivalent à celui de l’école primaire en 2012 (24,5 %) que chez les diplômés d’un doctorat (7,3 %).

La corpulence est pour partie une question de normes sociales corporelles (voir encadré). Mais l’obésité est bien aussi une maladie qui entraîne des conséquences parfois dramatiques pour ceux et celles qui en sont victimes. Les pratiques alimentaires, l’attention portée au corps et en particulier à la minceur ne sont pas les mêmes selon les milieux sociaux. Le fait de pratiquer un sport, d’avoir une alimentation diversifiée et saine, de consulter régulièrement un médecin, etc. limitent le risque de devenir obèse. Au bout du compte des facteurs génétiques se combinent aux modes de vie pour expliquer l’obésité.

9 598 individus âgés de 18 ans et plus interrogés du 24 septembre au 5 octobre 2020 lors de l’enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l’obésité pour la Ligue contre l’Obésité.
Lecture : le taux d'obésité est de 18 % chez les ouvriers en 2020, contre 9,9 % chez les cadres supérieurs.

Source : étude Obépi-Roche - © Observatoire des inégalités

Graphique Données
Part de la population adulte obèse selon la catégorie sociale
Unité : %
2000
2020
Évolution
en points
Ouvriers10,118,07,9
Employés8,817,89,0
Professions intermédiaires8,214,46,2
Cadres supérieurs7,49,92,5
Ensemble10,117,06,9
9 598 individus âgés de 18 ans et plus interrogés du 24 septembre au 5 octobre 2020 lors de l’enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l’obésité pour la Ligue contre l’Obésité.
Lecture : le taux d'obésité est de 18 % chez les ouvriers en 2020, contre 9,9 % chez les cadres supérieurs.
Source : étude Obépi-Roche - © Observatoire des inégalités
Obésité et normes sociales
Au même titre que les vêtements ou l’adresse, l’obésité est associée à un milieu social. On montre facilement du doigt des catégories populaires aux pratiques à risques par rapport à la norme des catégories aisées. À partir de là, les préjugés vont bon train : considérées comme incapables de se discipliner vis-à-vis de leur alimentation ou de leur activité physique, les personnes obèses seraient indifférentes à leur physique et, surtout, responsables de leur état. Il faut s’interroger sur les normes véhiculées par notre société : à quel moment s’agit-il effectivement d’un problème de santé et quand mesure-t-on l’écart à un idéal de minceur véhiculé par les catégories les plus favorisées ? Selon les époques, les pays et les milieux sociaux, la notion de surpoids n’est pas toujours identique. Enfin, il ne faut pas oublier les facteurs génétiques et psychologiques de l’obésité, ainsi que ceux liés à des maladies ou au rythme de vie.

Photo / © Ozgurdonmaz


[1L’obésité est déterminée en fonction de l’« indice de masse corporelle (IMC) », calculé en divisant le poids (en kg) par la taille (en mètre) élevée au carré. On parle d’obésité quand l’IMC est égal ou supérieur à 30.

[2« Enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l’obésité pour la Ligue contre l’Obésité », Odoxa-Ligue contre l’obésité, juin 2021. L’enquête financée par les laboratoires Roche est réalisée régulièrement depuis 1997, ce qui permet de mesurer les évolutions.

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Date de première rédaction le 24 avril 2013.
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