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Les communes les plus touchées par la pauvreté

Les villes les plus pauvres de France se situent pour la plupart à La Réunion ou en banlieue parisienne. Nos classements des communes et des arrondissements selon le taux de pauvreté et le nombre de personnes sous le seuil de pauvreté.

Publié le 1er décembre 2022

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Revenus Pauvreté

Parmi les villes qui comptent plus de 20 000 habitants, cinq communes de La Réunion arrivent en tête de notre classement des vingt villes où le taux de pauvreté est le plus élevé, au seuil de pauvreté à 60 % du niveau de vie médian. Saint-Benoît, Le Port, Saint-Joseph, Saint-André et Saint-Louis affichent ainsi des taux de 44 % et 45 % selon les données 2019 de l’Insee [1]. Des niveaux de pauvreté trois fois plus élevés que la moyenne nationale (15 % en 2019). Au total, neuf communes réunionnaises apparaissent dans notre classement.

Des communes d’Île-de-France (Grigny dans l’Essonne et Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis) arrivent ensuite, avec des taux de pauvreté respectifs de 44 % et 42 %. En tout, neuf villes situées en Île-de-France, et principalement en Seine-Saint-Denis, sont présentes dans notre classement des communes où la pauvreté est la plus forte.

Roubaix, avec un taux de 43 %, complète le haut de notre classement. Un niveau de pauvreté qui s’explique en partie par le déclin industriel qu’a connu ce territoire, avec pour conséquences une forte augmentation du chômage et la paupérisation d’une partie de sa population déjà modeste.

À l’autre bout de l’échelle, parmi les vingt communes où le taux de pauvreté est le plus faible, Le Chesnay-Rocquencourt (Yvelines) et Gif-sur-Yvette (Essonne) sont les communes qui ferment notre classement avec un taux de 5 % ou moins. Au total, dans ces vingt communes peu concernées par les revenus modestes, le taux de pauvreté est inférieur ou égal à 8 %. Treize grandes villes d’Île-de-France affichent aussi un faible niveau de pauvreté. Dans cette région, la coexistence de communes très pauvres aux côtés d’autres épargnées par ce phénomène illustre l’ampleur des écarts qui y règnent. Dans un même département, deux villes proches peuvent afficher des taux de pauvreté qui vont de 5 % à plus de 40 %.

Des communes de banlieues de grandes villes comme Vertou et La Chapelle-sur-Erdre (banlieue nantaise), ou encore Saint-Médard-en-Jalles (banlieue bordelaise) figurent également parmi les villes où le taux de pauvreté est le plus bas. Ces villes sont proches des lieux où les emplois de cadres supérieurs sont les plus nombreux. Par ailleurs, elles proposent souvent une part très faible de logements sociaux car elles ont repoussé vers d’autres communes limitrophes l’accueil des populations les plus pauvres.

La lecture de ces données sur la pauvreté par commune demande de prendre certaines précautions. D’abord, le seuil de pauvreté utilisé ici est fixé à 60 % du niveau de vie médian, environ 1 100 euros par mois pour une personne seule, ou 2 750 euros pour un couple avec deux adolescents (données 2019). Ce seuil rassemble donc des populations qui vivent dans le plus grand dénuement et des familles modestes dont la situation économique est un peu moins compliquée. Ensuite, le découpage administratif joue : nous mélangeons ici des communes de tailles très différentes. Enfin, un niveau de pauvreté élevé dans une commune n’est pas forcément synonyme de déclin. Certaines villes dynamiques en termes d’emploi attirent en effet des populations modestes qui viennent y chercher du travail. En revanche, certaines communes sinistrées économiquement voient leur population, en particulier modeste, quitter leur territoire.

Les 20 communes où le taux de pauvreté est le plus élevé
Unité : %
Taux de pauvreté
Saint-Benoît (97)45
Le Port (97)45
Saint-Joseph (97)44
Grigny (91)44
Saint-André (97)44
Saint-Louis (97)44
Roubaix (59)43
Clichy-sous-Bois (93)42
Aubervilliers (93)41
La Courneuve (93)41
Le Tampon (97)39
Pierrefitte-sur-Seine (93)39
Garges-lès-Gonesse (95)38
Creil (60)38
Saint-Denis (93)37
Saint-Pierre (97)37
Saint-Leu (97)36
Stains (93)36
Sainte-Suzanne (97)35
Villiers-le-Bel (95)35
Seuil de pauvreté de 60 % du niveau de vie médian. Villes de plus de 20 000 habitants.
Lecture : Saint-Benoît et Le Port à La Réunion arrivent en tête de notre classement des 20 villes aux taux de pauvreté les plus élevés. 45 % de leurs habitants vivent sous le seuil de pauvreté.
Source : Insee – Données 2019 – © Observatoire des inégalités
Les 20 communes où le taux de pauvreté est le moins élevé
Unité : %
Taux de pauvreté
Le Chesnay-Rocquencourt (78)5
Gif-sur-Yvette (91)5
Montigny-le-Bretonneux (78)6
Le Plessis-Robinson (92)6
Vertou (44)6
Maisons-Laffitte (78)6
Montaigu-Vendée (85)6
La Chapelle-sur-Erdre (44)6
Versailles (78)7
Saint-Médard-en-Jalles (33)7
Chatou (78)7
Saint-Cloud (92)7
Rambouillet (78)7
Sèvremoine (49)7
Vélizy-Villacoublay (78)7
Allauch (13)7
Chaville (92)7
Olivet (45)7
Rueil-Malmaison (92)8
Saint-Maur-des-Fossés (94)8
Seuil de pauvreté de 60 % du niveau de vie médian. Villes de plus de 20 000 habitants.
Lecture : Le Chesnay-Rocquencourt et Gif-sur-Yvette sont en tête de notre classement des 20 villes aux taux de pauvreté les plus bas. 5 % de leurs habitants vivent sous le seuil de pauvreté.
Source : Insee – Données 2019 – © Observatoire des inégalités
L’Insee masque la situation des communes où le taux de pauvreté est le plus faible
En France, il n’est pas possible de savoir où les taux de pauvreté sont les plus faibles. La raison : dès que le taux est inférieur à 5 %, l’Insee le remplace par... 5 %. Les classements n’ont donc plus vraiment de sens : toutes ces communes affichent 5 %, alors que le taux peut être de 1 %, 3 % ou 4 %. Nous publions ici les données pour les communes de plus de 20 000 habitants. Parmi elles, Le Chesnay-Rocquencourt (78) et Gif-sur-Yvette (91) affichent un taux de 5 % selon l’Insee, mais il peut donc être en réalité de 5 %, comme de 2 %.

L’Insee ne souhaite pas que l’on puisse faire de « palmarès des communes les moins pauvres » et ne donne qu’une explication bien peu convaincante : il y aurait un « risque d’attirer l’attention de personnes malveillantes ». Qui peut sérieusement croire que les cambrioleurs se fondent sur ce type de palmarès, et non sur leur connaissance des lieux, pour choisir leurs cibles ? Cela n’empêche heureusement pas l’Insee de publier le seuil des 10 % les plus riches au niveau des communes et des petits quartiers.

La pratique de l’Insee, peu compréhensible, permet d’occulter la situation de communes de petite taille, ultra-favorisées, qui n’accueillent quasiment pas de personnes pauvres. Dans certaines, comme Biviers (38) ou Saint-Nom-la-Bretèche (78), le plafond de revenu des 10 % les plus pauvres est de 20 000 euros annuels. C’est très au-dessus du niveau national et équivaut au plafond de niveau de vie des 40 % les plus pauvres pour la France entière. Des ilots où l’on vit entre semblables aisés, à l’abri du silence des statistiques.

En considérant le nombre de personnes pauvres, et non plus le taux de pauvreté, les plus grandes métropoles, comme Paris, Marseille ou Toulouse, par exemple, s’affichent logiquement en tête en matière de niveau de pauvreté, compte tenu de leur population plus importante. Ainsi, c’est dans la capitale que l’on trouve le plus grand nombre de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté (307 000 sur une population de 2,2 millions d’habitants). Marseille, beaucoup moins peuplée que Paris, compte tout de même 211 000 pauvres. À elles seules, les 20 communes où le nombre de pauvres est le plus élevé rassemblent 1,4 million de personnes modestes, près de 11 % des personnes pauvres vivant en France.

Les 20 communes où le nombre de personnes pauvres est le plus élevé
Nombre de pauvres
Paris307 000
Marseille211 000
Toulouse85 000
Nice74 000
Lyon70 000
Montpellier65 000
Strasbourg64 000
Saint-Denis (La Réunion)49 000
Lille48 000
Nantes45 000
Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)40 000
Saint-Étienne40 000
Nîmes40 000
Roubaix38 000
Reims37 000
Bordeaux36 000
Le Havre35 000
Perpignan35 000
Rennes34 000
Toulon34 000
Seuil de pauvreté de 60 % du niveau de vie médian. Villes de plus de 20 000 habitants.
Lecture : Paris est la ville qui compte le plus grand nombre de personnes pauvres (307 000).
Source : Insee – Données 2019 – © Observatoire des inégalités

Des arrondissements où se concentre la pauvreté

Le taux de pauvreté mesuré à l’échelle des très grandes villes masque des écarts importants en leur sein. Certains arrondissements de grandes métropoles, denses en population, concentrent un grand nombre de personnes pauvres. Le 3e arrondissement de Marseille, où le taux de pauvreté est de 52 %, compte 24 000 personnes pauvres. Ce seul arrondissement dépasse toutes les communes de notre classement où le taux de pauvreté est le plus élevé, comme par exemple La Courneuve en Seine-Saint-Denis (41 % de pauvres, soit 17 500 personnes). Cinq arrondissements de Marseille affichent des taux de pauvreté proches ou supérieurs à 40 %. À Paris, le 19e arrondissement, avec ses 175 000 habitants, est le plus touché : 22 % de sa population est en situation de pauvreté, soit 39 000 personnes.

Grandes villes : les 20 arrondissements les plus pauvres
Taux de pauvreté en %
Nombre de pauvres
Marseille 3e5224 000
Marseille 15e4433 000
Marseille 14e4123 000
Marseille 1er3912 000
Marseille 2e399 000
Marseille 13e2724 000
Marseille 16e254 000
Marseille 5e2410 000
Marseille 4e2311 000
Lyon 8e2217 000
Marseille 10e2212 000
Paris 19e2239 000
Lyon 9e2110 000
Paris 18e 2137 000
Paris 20e2038 000
Marseille 6e197 000
Marseille 11e1810 000
Paris 10e1715 000
Lyon 7e1611 000
Paris 13e1611 000
Seuil de pauvreté de 60 % du niveau de vie médian. Classement établi sur le taux de pauvreté.
Lecture : 52 % des habitants du 3e arrondissement de Marseille vivent sous le seuil de pauvreté, soit 24 000 personnes.
Source : Insee – Données 2019 – © Observatoire des inégalités
L’Insee arrondit la pauvreté communale
Depuis quelques années, l’Insee arrondit les chiffres de la pauvreté dans les communes. Les décimales ne sont plus disponibles après la virgule. Le taux de pauvreté de 8 %, par exemple, peut être en réalité de 7,6 % comme de 8,4 %, soit pour les grandes communes des dizaines de milliers de pauvres en plus ou en moins. Cela empêche aussi une grande partie des comparaisons et ne permet plus de suivre l’évolution de la pauvreté des communes dans le temps. Un taux qui passe de 8 % à 9 % peut en effet évoluer de 8,4 % à 8,6 % comme de 7,6 % à 9,4 % : des évolutions qui n’ont strictement rien à voir.

Pour se justifier, l’Insee invoque le secret statistique pour les petites communes, alors que l’institut diffuse des taux de pauvreté par quartier qui mentionnent un chiffre derrière la virgule. Plutôt que de masquer les quelques communes qui pourraient être concernées, l’Insee a donc préféré sacrifier un pan essentiel de l’analyse de la pauvreté au niveau local.

Photo / La Grande Borne à Grigny, Nioux - domaine public


[1L’Insee ne communique plus la première décimale du taux de pauvreté des communes. En conséquence, il n’est pas possible de départager des communes qui présentent le même taux de pauvreté.

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Date de première rédaction le 28 décembre 2017.
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