La France est-elle un pays où les inégalités sont moins élevées qu’ailleurs, comme on le lit souvent dans la presse ? Non : la France est un élève moyen si l’on s’en tient aux pays les plus développés. Nous sommes situés dans une position intermédiaire entre les pays du nord de l’Europe, qui font bien mieux, et les pays anglo-saxons, la Roumanie et la Bulgarie, qui font moins bien.

Pour mesurer les inégalités de revenus, nous utilisons l’indice le plus couramment utilisé, dit de « Gini ». Il compare la répartition des revenus dans chaque pays, et il est exprimé de 0 à 1. Plus il est élevé, plus les inégalités sont importantes. Selon les données de l’OCDE pour 2018, les dernières disponibles, avec un indice de Gini de 0,3, la France est au 13e rang sur 24, entre la Suisse (0,299) et le Canada (0,303).

Soyons honnêtes : ces données sont déjà approximatives à l’intérieur de chaque pays, les comparaisons internationales sont assez acrobatique en raison des méthodes de calcul employées, qui différent d’un pays à l’autre. Il faut se concentrer sur les écarts les plus grands. Sept pays des 24 de notre classement se tiennent entre 0,289 et 0,310 ! Parmi eux, les écarts résultent davantage des différences de mesure des revenus que de leur distribution dans la population. Il faut ajouter autre chose : un grand nombre de classements publiés par la presse mélangent des pays, très honorables comme Malte ou le Luxembourg, mais aux populations (500 000 ou 600 000 habitants) trop éloignées des autres pays pour qu’ils puissent être comparés.

Il faut donc s’en tenir aux écarts importants et aux principaux pays. On distingue alors deux groupes. Les pays qui font vraiment mieux en matière d’inégalités de revenus sont la Belgique et les pays du nord de l’Europe (Norvège, Danemark, Finlande et Suède). La social-démocratie scandinave, même attaqué par des réformes, demeure performante. À l’opposé, les pays les plus inégalitaires sont, d’une part, les pays les plus pauvres (Roumanie et Bulgarie) où l’opulence côtoie parfois une misère extrême et, d’autre part, les pays au modèle anglo-saxon, États-Unis et Grande-Bretagne, bien plus riches mais où les services collectifs sont beaucoup moins développés que dans d’autres pays de même niveau de vie comme la France.

Enfin, notons que ces données sont établies après impôts et prestations sociales. En France, la redistribution est élevée. Cela signifie qu’avant impôts – ce que l’on reçoit chaque mois, par exemple les salaires – les inégalités sont plutôt plus grandes en France qu’ailleurs.

Photo / CC Omid Armin

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