Le sur-chômage des quartiers prioritaires
Les quartiers dits « prioritaires » de la politique de la ville concentrent les difficultés sociales, notamment en matière d’emploi. Près de 20 % des actifs y sont au chômage, principalement des jeunes et des personnes peu qualifiées.
Publié le 21 mai 2025
https://www.inegalites.fr/Chomage-QPV - Reproduction interditeLe taux de chômage dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) [1] est de 18,3 % selon les données 2022 de l’Observatoire national de la politique de la ville (ONPV) [2], alors que dans les autres quartiers des villes qui abritent des quartiers prioritaires, ce taux est de 7,5 %. Le chômage est donc 2,4 fois plus élevé dans les quartiers en difficulté. Les jeunes actifs de moins de 30 ans sont particulièrement touchés : leur taux de chômage approche les 26 %, alors qu’il est de 13,5 % dans les autres quartiers.
Le chômage plus important dans les quartiers prioritaires s’explique notamment par le fait que les habitants sont souvent moins diplômés et plus jeunes qu’ailleurs. Cela ne justifie pas tout. Même avec un niveau scolaire équivalent, les habitants de ces territoires rencontrent plus de difficultés pour trouver du travail : 25 % des non-diplômés (niveau inférieur au BEP ou au CAP) des quartiers en difficulté sont au chômage, soit deux fois plus que hors de ces quartiers. Une différence que l’on retrouve aussi chez les diplômés de l’enseignement supérieur. Le taux de chômage est ainsi deux fois plus important pour les actifs des quartiers prioritaires qui disposent d’un niveau bac + 2 et plus (11,1 % contre 5 % pour les diplômés du même niveau qui résident dans des quartiers environnants).
De nombreux facteurs expliquent ces écarts de taux de chômage à niveau de diplôme équivalent. Tout d’abord, un même niveau scolaire regroupe des diplômes inégalement valorisés sur le marché du travail. Par ailleurs, les personnes très défavorisées rencontrent plus souvent des difficultés de mobilité.
Les populations d’origine étrangère, plus nombreuses dans les quartiers prioritaires, sont également particulièrement concernées par le chômage. Le taux de chômage atteint 21,7 % parmi les descendants d’immigrés, contre 17,9 % chez les personnes nées à l’étranger et 15,9 % pour les personnes sans origine migratoire. Les immigrés ont souvent moins de possibilités de mobiliser un réseau social pour trouver un emploi. Les étrangers non européens se heurtent également à l’interdiction d’exercer cinq millions d’emplois de la fonction publique et du privé. Les personnes récemment arrivées en France, comme leurs descendants, subissent également des discriminations à l’embauche régulièrement démontrées par des opérations de testing.
Malgré un chômage plus élevé dans les quartiers en difficulté, il faut souligner des améliorations : le taux de chômage dans les quartiers prioritaires a diminué de 25 % en 2014 à 18,3 % en 2022, soit une baisse de 6,7 points, tandis qu’il a reculé de 2,6 points dans les autres quartiers (de 10,1 % à 7,5 %). Cela signifie que l’écart tend à se réduire entre les territoires les plus défavorisés et le reste de la France. Une dynamique à souligner : les lieux les plus en difficulté ne sont pas éternellement destinés à le rester. C’est d’autant plus important à noter que ces quartiers sont ceux de l’habitat social qui accueille les populations les plus démunies et voit souvent déménager ceux qui s’insèrent le mieux dans l’emploi.
Source : Observatoire national de la politique de la ville (ONPV) – Données 2022 – © Observatoire des inégalités
Source : Observatoire national de la politique de la ville (ONPV) – Données 2022 – © Observatoire des inégalités
Photo / Fauxjeton via Wikimedia Commons
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