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Les enfants de familles aisées sont plus exposés à la pollution, mais leur santé est moins affectée

Les très jeunes enfants des familles favorisées respirent un air moins bon que les autres. Mais leur meilleure santé fait que cette pollution les affecte moins.

Publié le 15 février 2024

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Modes de vie Catégories sociales Environnement Santé

Les jeunes enfants de familles favorisées respirent un air de moins bonne qualité, davantage composé de particules fines [1], que les enfants des classes moyennes et modestes, selon le ministère de la Santé [2]. Mais parce qu’ils sont en meilleure santé, ils sont moins affectés par la pollution. Pour établir ce constat, le ministère a observé l’exposition aux particules fines (qui affectent les bronches et peuvent notamment causer de l’asthme) des enfants nés en 2016 en fonction du niveau de vie de leur famille comparé au revenu médian de la population. Les enfants dont les parents sont les plus aisés sont les plus touchés : selon les données de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris), par exemple, les 10 % les plus favorisés ont une exposition supérieure de 0,88 microgrammes par m3 à celle des enfants des classes moyennes [3]. Les enfants les plus pauvres respirent en moyenne 0,44 microgramme par m3 de plus que ceux des classes moyennes. L’exposition des enfants résulte de leur lieu de vie : ceux des catégories supérieures sont davantage exposés car ils habitent plus souvent dans les grandes métropoles, là où l’air est le plus pollué. Les enfants des catégories modestes y vivent moins souvent, mais quand ils y habitent, c’est dans les communes les plus polluées. Enfin, ceux des classes moyennes résident plus fréquemment dans l’espace périurbain, là où l’air est plus respirable.

Pourtant, les enfants de parents modestes sont plus affectés par ce type de pollution. 5 % des ménages situés parmi les 10 % les plus pauvres ont été hospitalisés en urgence pour une bronchiolite (infection respiratoire) avant l’âge de deux ans, contre 2,4 % de ceux des ménages les 10 % les plus riches, soit deux fois plus. Ils sont aussi plus souvent hospitalisés en urgence pour de l’asthme.

Cet écart résulte d’un état de santé général plus fragile des tout-petits dans les familles modestes. Le ministère souligne, par exemple, que les enfants y sont plus souvent prématurés et ont un risque 1,2 fois plus élevé que ceux des ménages aisés d’avoir connu un séjour hospitalier long (six jours ou plus) au moment de leur naissance. Par ailleurs, l’asthme est plus souvent détecté de manière précoce chez les enfants de familles aisées, ce qui permet d’éviter des hospitalisations.

Ces nouvelles données sur les effets de la pollution de l’air mériteraient d’être complétées pour d’autres polluants, également mis en cause dans les maladies respiratoires (fumée de cigarette, ammoniac, etc.) et d’être précisées, quartier par quartier par exemple. Mais à elles seules, ces données permettent de mieux comprendre la complexité des inégalités dites « environnementales ». En matière de pollution de l’air, les plus pauvres ne sont pas toujours les plus exposés. Chez les jeunes enfants, les victimes d’inégalités liées à leur environnement sont d’abord ceux qui vivent dans les familles aisées, et les mieux loties sont les classes moyennes. En revanche, les plus modestes sont davantage vulnérables à l’impact de la pollution. Les inégalités de santé respiratoire des jeunes enfants résultent d’inégalités sociales liées aux modes de vie, à l’accès à la prévention en santé et aux soins en général.

Enfants de moins d’un an. Écart par rapport aux familles situées autour du niveau de vie médian.
Lecture : les bébés appartenant aux familles les 10 % les plus pauvres ont une exposition aux particules fines supplémentaire de 0,44 microgrammes par m3 par rapport aux familles de niveau de vie médian.

Source : ministère de la Santé – Enfants nés en 2016 – © Observatoire des inégalités

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Admission en urgence à l’hôpital.
Lecture : 1,87 % des enfants de moins de trois ans appartenant aux familles situées parmi les 10 % les plus pauvres ont été admis en urgence pour asthme.

Source : ministère de la Santé – Enfants nés entre 2008 et 2016 – © Observatoire des inégalités

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Photo / © Ananda BGD


[1Particules fines : petites particules (entre 1 et 2,5 millièmes de millimètre) émises dans l’air, notamment par les transports et le chauffage.

[2« Plus exposés à la pollution de l’air, les jeunes enfants des ménages modestes, plus fragiles, sont les plus affectés », Milena Suarez Castillo et al., Études et résultats n° 1292, ministère de la Santé, janvier 2024.

[3L’indicateur d’exposition moyenne des enfants était de 11,5 microgrammes par m3 en 2016.

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Date de première rédaction le 15 février 2024.
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