Données

1 % de la population possède près de la moitié de la fortune mondiale

Les 47 millions de millionnaires (en dollars) possèdent 44 % de l’ensemble du patrimoine privé mondial, selon le Crédit suisse. Les inégalités de patrimoine se réduisent, mais les grandes fortunes restent très majoritairement occidentales.

Publié le 18 septembre 2020

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Revenus Patrimoine

47 millions de personnes dans le monde possèdent un patrimoine (biens immobiliers et financiers) d’au moins un million de dollars [1] selon les estimations du Crédit Suisse (données 2019). Ils représentent à peine 1 % de la population mondiale et détiennent 44 % de l’ensemble des richesses privées du monde.

Pour appartenir à la tranche des 10 % les plus fortunés du monde, il faut posséder au moins 100 000 dollars, soit environ 90 000 euros par personne ou 180 000 euros pour un couple. Un couple français qui possède un logement d’environ 70 m2 dans une ville comme Tours, et qui a fini de rembourser ses emprunts, se situe ainsi parmi les 10 % les plus fortunés du monde. Les 550 millions d’adultes concernés à l’échelle de la planète détiendraient 83 % du patrimoine mondial.

Mais la grande majorité de la population mondiale adulte (trois milliards de personnes), possède moins de 10 000 dollars (9 000 euros), voire beaucoup moins. À eux tous, les 57 % d’habitants les moins dotés de la planète détiennent moins de 2 % du patrimoine privé mondial.

Répartition du patrimoine mondial
selon le niveau de patrimoine
Nombre d'adultes
en millions
Part dans la population
en %
Part détenue dans le patrimoine mondial
Patrimoine supérieur à 1 million de dollars470,943,9
Patrimoine compris entre 100 000 et 1 million de dollars4999,838,9
Patrimoine compris entre 10 000 et 100 000 dollars1 66132,615,5
Patrimoine inférieur à 10 000 dollars2 88356,61,8
Ensemble de la population adulte5 090100100
Patrimoine net par adulte, endettement déduit. Lecture : 47 millions d’adultes possèdent un patrimoine supérieur à un million de dollars. Ils représentent 0,9 % de la population mondiale et détiennent 43,9 % de l’ensemble du patrimoine mondial.
Source : Crédit suisse – © Observatoire des inégalités

Les inégalités mondiales de patrimoine se sont légèrement réduites entre 2000 et 2019. La part du patrimoine mondial détenue par les 10 % les plus nantis a reculé de 89 % à 82 % pendant cette pédiode, toujours selon les estimations de la banque d’investissement suisse. L’indice de Gini [2] des patrimoines est passé de 0,919 à 0,885. Des populations dotées d’une richesse située entre 10 000 et 100 000 dollars, apparaissent dans les pays émergents.

Attention tout de même : au cours des dix dernières années, la part du patrimoine mondial que possède le 1 % le plus fortuné est remontée, passant de 41,7 % en 2008 à 45 % en 2019. Les grandes fortunes des pays les plus riches, favorisées notamment par les cours de la bourse, ont ainsi récupéré une bonne partie du terrain qu’elles avaient perdu entre 2000 et 2008 [3].

Ces données frappent l’opinion, mais doivent être utilisées avec précaution. D’abord parce 10 % de la population mondiale survit toujours avec moins d’1,90 dollar par jour (environ 1,70 euros). De plus, la tranche de patrimoine d’une valeur de 0 à 10 000 dollars mélange des populations dont la situation n’est guère comparable, des très pauvres et des jeunes plus favorisés mais endettés ou qui n’ont pas encore pu épargner.

Ensuite, la notion de patrimoine net (endettement déduit) est critiquable. Un ménage français qui s’endette pour acheter une maison possède un patrimoine net égal à zéro, pas plus qu’un sans-abri. Enfin, il ne faut pas perdre de vue que les données du Crédit suisse reposent sur des estimations, en particulier pour les pays où le système statistique national manque de fiabilité. Même avec la plus grande rigueur dans les calculs, la valeur des biens est difficilement comparable à l’échelle mondiale : une maison dans la banlieue de Paris et une autre située à Dakar peuvent avoir la même surface, le même équipement, bref, apporter le même confort à ses habitants, mais elles sont valorisées à des prix de marché qui n’ont vraiment rien à voir entre eux.

Les indicateurs d’inégalités mondiales de patrimoine ne peuvent fournir que des ordres de grandeur. Pour autant, ils témoignent de l’extrême concentration des richesses aux mains d’une infime minorité de la population. L’émergence de nouveaux riches dans les pays du Sud ne doit pas faire oublier que la misère persiste pour des centaines de millions de personnes dans les pays émergents et en développement. Et que l’accumulation d’immenses fortunes reste quasi-exclusivement réservée à une poignée d’habitants des pays riches d’Europe et d’Amérique du Nord.

Une classe mondiale de millionnaires ?
Les pays pauvres et les pays émergents ont aussi leur classe fortunée, voire très fortunée. Les Chinois aisés composent désormais la majorité de la « classe moyenne du patrimoine mondial » (qui possède entre 10 000 et 100 000 dollars). Au sommet de la pyramide des patrimoines, le club des millionnaires s’est mondialisé. Ses membres ont en commun des investissements sur les marchés mondiaux et une consommation de luxe qui se ressemblent. Mais les Européens et Nord-Américains restent largement dominants en nombre : 40 % des millionnaires du monde vivent aux États-Unis. Le Japon (6 % des millionnaires du monde) s’est fait doubler par la Chine (10 %). Les autres pays de résidence des millionnaires demeurent des pays riches d’Europe occidentale, le Canada et l’Australie.

Photo/ © xy - Fotolia.com


[1Patrimoine net (dettes déduites) par adulte. Un million de dollars correspond à environ 900 000 euros.

[2L’indice de Gini est un indicateur d’inégalités qui tient compte de la distribution des patrimoines entre les individus. Plus la répartition est égalitaire, plus l’indice est proche de zéro. Plus elle est inégalitaire, plus il est proche de 1. Voir Global wealth databook 2019, Crédit Suisse, 2019.

[3Le 1 % le plus fortuné possédait 46,9 % du patrimoine mondial en 2000, selon le Crédit suisse.

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Date de première rédaction le 7 juin 2013.
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