Logement : des inégalités face à la chaleur et au froid
Trop froid ou trop chaud dans son habitation ? Selon son niveau de vie, on peut plus ou moins contrôler la température de son logement. Les personnes modestes souffrent deux fois plus de la chaleur que les personnes aisées. C’est quatre fois plus en ce qui concerne le froid.
Publié le 22 août 2024
https://www.inegalites.fr/Logement-inegalites-environnementales - Reproduction interdite28 % des personnes qui ont un niveau de vie inférieur à 1 000 euros par mois disent souffrir du froid en hiver dans leur logement, contre 7 % de celles qui disposent de plus de 2 500 euros, soit quatre fois plus, selon une étude de l’Ademe [1]. En été, 37 % des ménages les plus modestes déclarent y endurer une chaleur excessive, deux fois plus que les ménages les plus aisés. Le niveau de vie est un élément déterminant du confort au sein du logement.
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Les difficultés à se chauffer l’hiver et la précarité énergétique sont largement médiatisées, notamment dans un contexte de hausse des prix de l’énergie. Le manque de moyens financiers pour payer les factures d’énergie, mais aussi la qualité de l’isolation thermique et la performance du système de chauffage jouent dans le confort d’un logement. L’intérêt de l’étude de l’Ademe est de montrer que les périodes de chaleur intense ont aussi des répercussions inégales selon le niveau de vie, comme l’a également montré la géographe Malou Allagnat [2] pour la métropole de Lyon. Le fait de disposer d’un système de climatisation, de pouvoir quitter son logement pendant les vacances, d’avoir un balcon ou un jardin (avec piscine si possible…) sont des éléments de confort indéniables face à la chaleur, auxquels tout le monde n’a pas accès.
Source : Ademe – Données 2024 – © Observatoire des inégalités
Le revenu n’est pas le seul facteur qui fait varier l’inconfort thermique des logements. Ainsi, 42 % des 18-24 ans déclarent souffrir de la chaleur en été dans leur habitation et 21 % du froid en hiver, contre respectivement 14 % et 10 % pour les 65-75 ans. Une situation qui s’explique par le fait que les jeunes vivent plus souvent en ville, dans des logements davantage exigus.
Le fait d’être contraint de rester à son domicile joue également, notamment pour les personnes âgées ou les mères de famille avec des enfants en bas âge, qui se déplacent plus difficilement. Alors que pour les actifs, employés de bureau et cadres notamment, qui bénéficient de chauffage et parfois d’une climatisation au travail, le vécu dans leur logement est différent puisqu’ils n’y passent pas toute la journée à souffrir de la chaleur ou du froid. De même, l’impact des températures n’est pas le même au nord ou au sud du pays, au cœur des villes ou à la campagne. Il est fort probable que de plus grandes disparités se cachent derrière ces données moyennes de niveau national.
Source : Ademe – Données 2024 – © Observatoire des inégalités
Photo / CC By Akshar Dave
[1] « Baromètre Sobriétés et Modes de vie », Ademe, Mars 2024.
[2] « Habiter la périphérie urbaine en périodes de fortes chaleurs : les vécus habitants, leurs dilemmes et les inégalités socio-spatiales amplifiées », Malou Allagnat, thèse de doctorat de géographie sociale, Nantes Université, 2022.
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