Qui sont les riches ? Le plus souvent, des cadres supérieurs
Les riches sont le plus souvent des cadres supérieurs, car leur revenu situe un quart d’entre eux au-dessus du seuil de richesse. Tenir compte du patrimoine modifie peu ces conclusions. Une analyse extraite de notre « Rapport sur les riches en France, édition 2024 ».
Publié le 8 juillet 2024
https://inegalites.fr/Qui-sont-les-riches-Le-plus-souvent-des-cadres-superieurs - Reproduction interditeLe monde des riches est surtout un monde de cadres supérieurs. La mesure de la part des riches au sein de chaque catégorie sociale le montre. Un quart des cadres supérieurs ont un niveau de vie supérieur au seuil de richesse, selon les données 2020 de l’Insee [1], soit trois fois plus en moyenne que l’ensemble des actifs. Arrivent ensuite les indépendants (agriculteurs, artisans, commençants et chefs d’entreprise) qui comprennent entre 12 % et 14 % de riches, mais avec des inégalités de revenus énormes à l’intérieur de ces groupes. 6 % des professions intermédiaires, les anciens « cadres moyens », ont des revenus supérieurs au seuil de richesse. Et seulement entre 1 % et 2 % des ouvriers et des employés.
Taux de richesse selon la catégorie sociale Unité : % | |
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| |
Agriculteurs | 12,4 |
Artisans, commerçants et chefs d'entreprises | 13,8 |
Cadres supérieurs | 25,5 |
Professions intermédiaires | 6,3 |
Employés | 2,3 |
Ouvriers | 1,1 |
Ensemble des actifs | 8,6 |
Source : Insee – Données 2020 – © Observatoire des inégalités
Une autre méthode permet de mieux appréhender la répartition des actifs riches, en considérant le type d’emploi occupé : 23 % sont des indépendants, comme le montrent les calculs réalisés par Vivien Charbonnet de l’Université de Tours [2] d’après des données 2019 de l’Insee. Parmi les salariés riches, deux tiers sont des cadres supérieurs ou directeurs : 46 % du privé et 21 % du public. Le tiers restant est composé principalement d’employés (12 %), d’agents de maitrise et de représentants commerciaux du privé (7 %) et de fonctionnaires de niveau intermédiaire (5 %).
La France qui vit bien est très loin de se résumer aux PDG des grandes entreprises. Il s’agit plus généralement, que ce soit dans le public ou le privé, de catégories qui décident, qui donnent les ordres, qui orientent les stratégies et les politiques publiques. Pas uniquement bien sûr : une petite partie des couches moyennes, voire populaires, arrive à se hisser au-dessus du seuil de richesse.
La France qui vit bien est très loin de se résumer aux PDG des grandes entreprises
Il s’agit de personnes qui occupent les postes les plus qualifiés en fin de carrière et dans des secteurs très rémunérateurs, de ceux qui disposent de revenus complémentaires, issus par exemple d’un patrimoine familial, ou encore de conjoints de cadres et de chefs d’entreprise très bien rémunérés.
Ces groupes sociaux aisés sont aussi ceux dont le niveau de vie leur ouvre les portes de la société de consommation. De plus, ils donnent des ordres dans leur vie professionnelle et profitent aussi dans leur vie personnelle du travail des catégories populaires, notamment de ceux qui travaillent dans les services comme le commerce, l’hôtellerie-restauration ou le ménage.
Richesse des salariés selon le type d'emploi Unité : % | ||
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Taux de richesse | Part dans les salariés riches | |
Manœuvre, ouvrier spécialisé | 1 | 1 |
Ouvrier qualifé | 1 | 2 |
Employé de bureau, de commerce ou de services | 3 | 12 |
Fonctionnaire peu qualifé (catégorie C) | 2 | 2 |
Technicien | 4 | 4 |
Fonctionnaire niveau intermédiaire (catégorie B) | 7 | 5 |
Agent de maitrise, représentant commercial | 9 | 7 |
Cadre supérieur du public (catégorie A) | 18 | 21 |
Cadre supérieur du privé | 25 | 43 |
Directeur général ou adjoint d’une entreprise privée | 45 | 3 |
Ensemble des salariés | 8 | 10 |
Source : calculs de Vivien Charbonnet de l’Université de Tours d’après l’Insee (enquête SRCV) – Données 2019
Et en tenant compte du patrimoine ?
Être riche en termes de revenus, pour l’Observatoire des inégalités, c’est disposer d’un niveau de vie au moins équivalent au double du niveau de vie médian (1 930 euros en 2021 selon l’Insee), soit 3 860 euros net pour une personne seule. Mais être riche, c’est aussi posséder environ 500 000 euros de patrimoine pour un ménage, soit trois fois le patrimoine médian de 2018 selon l’Insee. En pratique, ces deux notions, revenu et patrimoine, vont très bien ensemble.
Une étude de l’Insee sur les différents types de ménage le montre clairement [3] : plus le niveau de revenus augmente, plus le patrimoine est élevé. Les ménages inactifs, au sein desquels aucun des membres n’a d’emploi [4], ont un niveau de vie mensuel moyen de 1 200 euros pour l’équivalent d’une personne seule et un patrimoine net médian de 4 800 euros (endettement déduit). Les ménages de cadres ont un niveau de vie moyen équivalent à 3 000 euros par mois pour une personne seule et disposent d’un patrimoine de 390 000 euros. Entre les deux, les ménages de type « employés », par exemple, ont un niveau de vie mensuel de 1 900 euros en moyenne et un patrimoine de 130 000 euros.
Un type de ménage se distingue tout de même, les « petits indépendants » (agriculteurs, artisans et commerçants) : ils ont un revenu plutôt modeste, 1 500 euros mensuels, un peu en dessous des ménages ouvriers, mais un patrimoine bien plus élevé, 260 000 euros contre 100 000 euros pour les ouvriers. Pour une raison simple : dans leur patrimoine, il y a souvent leur outil professionnel (locaux, machines, etc.).
Notre tableau le montre : plus on gagne tous les mois, plus on a de patrimoine. Le patrimoine est un stock alimenté par le flux des revenus. À partir d’un certain niveau de vie, les ménages gagnent davantage que ce qu’ils dépensent, et épargnent : souvent, ils commencent par un compte épargne (livret A), puis achètent un bien immobilier, et ensuite se lancent dans des stratégies financières plus complexes. Ce patrimoine rapporte des revenus. Il est ensuite transmis, ce qui permet aux enfants de devenir riches à leur tour. Les données de l’Insee montrent qu’être riche en revenus mais sans patrimoine est rare.
Niveau de vie et de patrimoine selon le milieu social Unité : euros | ||
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Niveau de vie mensuel moyen pour une personne seule | Patrimoine net* médian par ménage | |
Cadres | 3 033 | 388 000 |
Professions intermédiaires | 2 325 | 251 600 |
Employés | 1 867 | 131 400 |
Petits indépendants (agriculteurs, artisans et commerçants) | 1 517 | 256 500 |
Ouvriers | 1 592 | 103 000 |
Ménages d'un seul actif employé ou ouvrier | 1 342 | 13 500 |
Inactifs | 1 208 | 4 800 |
Ensemble | 1 833 | 136 600 |
Lectures : les ouvriers disposent d’un niveau de vie mensuel moyen de 1 592 euros pour une personne seule et d’un patrimoine net médian de 103 000 euros par ménage.
Source : Insee – Données 2019 pour les revenus, 2018 pour le patrimoine – © Observatoire des inégalités
Photo / © Mathie Stern, Unsplash
[1] Voir le site « Nomenclature PCS » de l’Insee
[2] Les conditions de la richesse : sociodémographie des ménages aisés, 2022, ainsi que Richesse et conditions de vie, 2023, mémoires de recherche de sociologie, Vivien Charbonnet, Université de Tours. Vivien Charbonnet est par ailleurs directeur du développement de l’Observatoire des inégalités.
[3] « Les inégalités économiques entre ménages selon le groupe socioprofessionnel », Thomas Amossé, in France, portrait social. Édition 2023, Insee Références, novembre 2023. Dans cette étude, la catégorie socioprofessionnelle du ménage prend en compte la profession des deux membres quand il s’agit d’un couple.
[4] Les retraités sont considérés dans leur ancienne profession.
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