En 20 ans, la part d’illettrés a été divisée par deux en France
Grâce à l’école, la part de personnes en difficulté pour lire et écrire a été divisée par deux depuis le début des années 2000. Mais l’illettrisme touche inégalement la population. Extrait du Centre d’observation de la société.
Publié le 2 septembre 2024
https://www.inegalites.fr/illetrisme-en-France - Reproduction interditeLa baisse de l’illettrisme est spectaculaire en France. La part de la population de 18 à 64 ans illettrée est passée de 9 % en 2004 à 4 % en 2022 selon l’Insee [1]. L’institut qualifie d’illettrée une personne qui a de fortes difficultés en lecture ou en écriture [2] et qui a commencé sa scolarité en France. Si on observe différentes générations, l’évolution a été encore plus remarquable : entre les personnes nées entre 1947 et 1957 (enquête 2011) et celles nées entre 1995 et 2005 (enquête 2022), le taux d’illettrisme a été divisé par quatre, de 12 % à 3 %.
Lecture : en 2022, 4 % de la population est illettrée.
Source : Insee – © Observatoire des inégalités
Ces données de l’Insee, très peu commentées, font apparaître les énormes progrès de la scolarisation dans notre pays. Elles contredisent le discours récurrent sur la « baisse du niveau » et le « déclin scolaire » de la France. Les jeunes générations peuvent avoir des lacunes, par exemple en ce qui concerne la maîtrise de l’orthographe, mais leur niveau général ne cesse de s’élever. Entre 1993 et 2020, par exemple, la part de diplômés de l’enseignement supérieur chez les 25-34 ans a été multipliée par deux, de 23 % à 49 %.
Source : Insee – © Observatoire des inégalités
Ces progrès ne doivent pas pour autant conduire à minimiser l’enjeu de l’illettrisme qui touche 1,4 million de personnes. Et encore, ces données ne comprennent ni les plus de 64 ans ni les immigrés n’ayant pas été scolarisés en France. Parmi ces derniers, la moitié a de graves difficultés dans le domaine de l’écrit. Au total, l’Insee estime que 8 % de la population de 18 à 64 ans est concernée [3], soit environ trois millions de personnes.
Le taux de personnes en difficulté à l’écrit dépend fortement de l’âge [4]. Il est de 11 % chez les 55-64 ans contre 5 % chez les 18-24 ans. Par ailleurs, ce taux logiquement dépend du niveau de diplôme : 31 % des personnes qui ont au mieux le brevet des collèges sont concernées.
Les données de l’Insee font apparaître l’impact du milieu social sur l’illettrisme. 15 % des personnes dont les parents ont au mieux le brevet des collèges sont eux-mêmes en grande difficulté à l’écrit, contre seulement 2 % de ceux dont les parents sont diplômés du supérieur. Ce n’est possible que parce que l’école française, plus qu’ailleurs, favorise les milieux favorisés qui disposent des bons codes pour y réussir, comme le montrent les enquêtes de l’OCDE sur le niveau des jeunes de 15 ans.
Part des personnes en forte difficulté à l'écrit Unité : % | |
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| |
Pays de scolarisation | |
France | 4 |
Hors de France, langue maternelle étrangère | 52 |
Sexe | |
Femme | 8 |
Homme | 8 |
Âge | |
18-24 ans | 5 |
25-34 ans | 6 |
35-44 ans | 8 |
45-54 ans | 10 |
Plus haut diplôme | |
55-64 ans | 11 |
Aucun diplôme, brevet des collèges | 31 |
CAP, BEP ou équivalent | 8 |
Baccalauréat ou équivalent | 3 |
Diplôme du supérieur | 1 |
Plus haut diplôme des parents | |
Aucun diplôme, brevet des collèges | 15 |
CAP, BEP ou équivalent | 5 |
Baccalauréat ou équivalent | 3 |
Diplôme du supérieur | 2 |
Ensemble | 8 |
Lecture : 31 % des personnes qui ont au maximum le brevet des collèges sont en forte difficulté à l'écrit en 2022.
Source : Insee – Données 2022 – © Observatoire des inégalités
Cet article est extrait de « En 20 ans, la part d’illettrés a été divisée par deux en France », Centre d’observation de la société, 6 mai 2024.
Photo / © Silvia Jansen
[1] « En 2022, un adulte sur dix rencontre des difficultés à l’écrit », Insee Première n° 1993, avril 2024.
[2] Soit un taux de réussite inférieur à 60 % en lecture, écriture ou compréhension de textes simples.
[3] En comprenant les personnes nées en dehors de la France qui ne rentrent pas dans le calcul de l’illettrisme.
[4] Il ne s’agit plus strictement d’illettrisme au sens où on l’entend habituellement car la population comprend ici les personnes qui n’ont pas débuté leur scolarité en France.
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