Ouvriers et employés : un travail sous contrôle
Travail à la chaine, tâches répétitives, contrôle hiérarchique permanent : ouvriers et employés disposent de peu d’autonomie et sont beaucoup plus contraints que les cadres en termes de rythme de travail.
Publié le 25 octobre 2024
https://www.inegalites.fr/Ouvriers-et-employes-un-travail-sous-controle - Reproduction interditeLe travail à la chaine, les contraintes automatiques et une surveillance hiérarchique permanente décrivent un contrôle strict du rythme et des conditions de travail. Si la plupart des cadres supérieurs subissent peu ou pas du tout ces contraintes, une part importante des ouvriers et des employés déclarent en revanche y être soumis.
Qui a son travail soumis à la cadence d’une machine ?
6,5 % de salariés déclarent que leur rythme de travail est soumis à la cadence automatique d’une machine, selon le ministère du Travail en 2019. Malgré le déclin industriel et l’amélioration des conditions de travail dans ce secteur, ce chiffre ne recule pas : en 2005, 7 % des salariés étaient dans ce cas. Il s’agit sans surprise principalement d’ouvriers (20 % contre quasiment aucun cadres), et plus particulièrement d’ouvriers non qualifiés (24 %). Seuls 3 % des employés disent devoir travailler au rythme de la cadence d’une machine.
Les hommes salariés subissent davantage cette contrainte. Ils sont près d’un sur dix à déclarer ces conditions de travail, contre 4 % de femmes. Toutefois, près d’un quart des ouvrières travaillent au rythme d’une machine, soit une proportion neuf fois plus importante que les employées (3 %).
Part de salariés qui déclarent que leur rythme de travail est soumis à la cadence automatique d'une machine selon la catégorie socioprofessionnelle Unité : % | ||||
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2005 | 2013 | 2016 | 2019 | |
Cadres supérieurs | 0,8 | 0,8 | 0,7 | 0,5 |
Professions intermédiaires | 3,3 | 3,6 | 3,0 | 3,3 |
Employés | 2,1 | 4,0 | 3,8 | 2,9 |
Ouvriers | 20,6 | 20,3 | 21,5 | 20,1 |
Ensemble | 7,1 | 7,2 | 7,1 | 6,5 |
Source : enquêtes Conditions de travail, ministère du Travail - © Observatoire des inégalités
Qui est soumis à un contrôle hiérarchique ?
Manquer d’autonomie dans son travail peut aussi être dû à un contrôle hiérarchique permanent sur son rythme de travail. Ces conditions de travail concernent 28 % des salariés en 2019, sans grand changement par rapport il y a une quinzaine d’années. En moyenne, les femmes et les hommes subissent cette contrainte à peu près dans les mêmes proportions (respectivement 26 % et 30 %).
En revanche, les catégories socioprofessionnelles ne sont pas à égalité en la matière : près de 40 % des ouvriers disent être contrôlés par leur hiérarchie en permanence, soit trois fois plus que les cadres supérieurs (15 %). 31 % des employés déclarent aussi subir ce type de surveillance. Le rythme de travail des employés de commerce et des ouvriers non qualifiés est plus souvent contrôlé par leur hiérarchie (41 % en moyenne). Hormis les cadres supérieurs, les hommes des autres catégories socioprofessionnelles sont davantage que les femmes à subir cette surveillance.
Part de salariés qui déclarent que leur rythme de travail leur est imposé par un contrôle hiérarchique permanent selon la catégorie socioprofessionnelle Unité : % | ||||
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2005 | 2013 | 2016 | 2019 | |
Cadres supérieurs | 16,8 | 18,8 | 17,9 | 15,1 |
Professions intermédiaires | 26,4 | 30,7 | 29,1 | 24,4 |
Employés | 29,9 | 32,0 | 30,6 | 30,6 |
Ouvriers | 40,1 | 42,1 | 42,8 | 39,6 |
Ensemble | 29,7 | 31,5 | 30,6 | 28,0 |
Source : enquêtes Conditions de travail, ministère du Travail – © Observatoire des inégalités
Les salariés dont le travail est répétitif
Un peu plus de quatre salariés sur dix déclarent que leur travail est répétitif : ils doivent effectuer continuellement une même série de gestes ou d’opérations, comme l’indique le ministère du Travail. Cette monotonie laisse peu ou pas de place à l’initiative. La proportion de salariés qui perçoivent leur travail comme répétitif a connu une augmentation importante depuis le début des années 2000. 28 % étaient concernés en 2005. Cette part dépasse 40 % depuis 2013, selon les enquêtes réalisées par le ministère du Travail.
Plus de deux tiers des ouvriers déclarent que leur travail est répétitif en 2019, soit six fois plus que les cadres supérieurs dont environ un sur dix est dans ce cas (11 %). Les ouvriers non qualifiés sont les plus concernés (74 %). Viennent ensuite les ouvriers qualifiés (66 %), les ouvriers agricoles (65 %), les employés au service des particuliers et les employés de commerce dans les mêmes proportions (63 %). Les femmes (45 %) sont plus nombreuses que les hommes (40 %) à devoir répéter en continu les mêmes gestes. Les plus concernées sont les ouvrières, qui sont 82 % à déclarer un tel rythme de travail, soit sept fois plus que les femmes cadres, et contre 65 % d’hommes ouvriers. De même, les employées déclarent être dans ce cas dix fois plus que les employés. Un constat qui s’explique notamment par le fait qu’elles sont nombreuses dans les métiers du soin, du ménage ou à la caisse des magasins par exemple.
La part des salariés qui trouvent leur travail répétitif est passée de 28 % en 2005 à 41 % en 2013, pour se maintenir à ce niveau élevé depuis. La hausse concerne toutes les catégories socioprofessionnelles et traduit probablement à la fois une évolution de l’organisation du travail dans les entreprises et l’élévation du niveau d’éducation de la population active, sans que cela se traduise par une diversification des tâches et de l’autonomie au travail.
Part de salariés qui déclarent que leur travail est répétitif selon la catégorie socioprofessionnelle Unité : % | ||||
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2005 | 2013 | 2016 | 2019 | |
Cadres supérieurs | 4,5 | 11,0 | 12,9 | 11,3 |
Professions intermédiaires | 15,3 | 27,1 | 27,2 | 27,6 |
Employés | 33,3 | 53,7 | 55,5 | 55,8 |
Ouvriers | 47,4 | 64,3 | 65,9 | 68,2 |
Ensemble | 28,0 | 41,2 | 42,3 | 42,3 |
Source : enquêtes Conditions de travail, ministère du Travail – © Observatoire des inégalités
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