Plus de 700 millions de personnes sous-alimentées dans le monde
Plus de 700 millions de personnes sont sous-alimentées, dont la moitié environ vit en Asie. Après quinze années de recul, la faim dans le monde repart à la hausse.
Publié le 5 mars 2025
https://www.inegalites.fr/sous-alimentation-monde - Reproduction interdite733 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO, estimations 2023). Entre 2002 et 2014, la part de la population mondiale qui ne mangeait pas à sa faim a régulièrement diminué, passant de 13 % à 7 %. Elle a stagné ensuite, et repart à la hausse depuis 2019 pour atteindre 9 % en 2023. Après 17 années de recul de la faim dans le monde, les progrès semblent stoppés.
Source : Organisation pour l'alimentation et l'agriculture – © Observatoire des inégalités
Un fléau inégalement répandu dans le monde
Selon les régions du monde, les écarts en termes de sous-alimentation sont énormes. Près d’un quart de la population d’Afrique subsaharienne souffre de la faim en 2023, soit 284 millions de personnes. Le pourcentage de personnes sous-alimentées y a à peine reculé, de 24 % à 23 % entre 2003 et 2023, mais leur nombre a augmenté de 108 millions du fait de l’accroissement de la population, passée de 738 millions de personnes en 2003 à plus de 1,2 milliard aujourd’hui selon la Banque mondiale.
En Asie, 8 % de la population est touchée, soit 385 millions de personnes. Les progrès ont été énormes dans cette région du monde : le nombre d’individus qui souffrent de sous-alimentation a diminué de 181 millions par rapport à 2003, alors que la population de cette région du monde a augmenté de près de 1 milliard sur la période. La faim a pratiquement disparu de l’Asie de l’Est, région qui comprend la Chine. En Asie du Sud, c’est-à-dire l’Inde et ses voisins, les progrès sont importants. La proportion de la population qui souffre de sous-alimentation a reculé de sept points, de 20 % à 13 % entre 2003 et 2023, et le nombre de personnes concernées a baissé de 34 millions. Mais le nombre d’individus souffrant de sous-alimentation y reste élevé. Le sous-continent indien abrite à lui seul 283 millions de personnes sous-alimentées, quatre fois l’ensemble de la population française.
La sous-alimentation par grande région du monde | ||||
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2003 | | 2023 | | |
Nombre (en millions) | Taux (en %) | Nombre (en millions) | Taux (en %) | |
Asie | 566 | 15 | 385 | 8 |
- dont Asie de l'Est | 131 | 9 | n.d.* | < 2,5 |
- dont Asie du Sud et Asie centrale | 317 | 20 | 283 | 13 |
- dont Asie du Sud-Est | 99 | 18 | 42 | 6 |
- dont Asie de l'Ouest | 20 | 10 | 37 | 12 |
Afrique | 190 | 22 | 298 | 20 |
- dont Afrique subsaharienne | 176 | 24 | 284 | 23 |
- dont Afrique du Nord | 8 | 5 | 15 | 7 |
Amérique latine et Caraïbes | 52 | 10 | 41 | 6 |
Monde | 823 | 13 | 733 | 9 |
Un renversement de tendance
En 2020, la pandémie de Covid et les confinements ont exposé les populations les plus pauvres à la faim, dans les régions où les États sont moins protecteurs qu’en Europe. La spéculation qui pousse à la hausse les cours mondiaux du blé, du riz et des hydrocarbures, déclenchée notamment par l’invasion en 2022 de l’Ukraine par la Russie, a ouvert une phase d’inflation mondiale qui augmente les difficultés dans de très nombreux pays.
Mais l’arrêt des progrès en matière d’alimentation mondiale remonte à 2014, bien avant ces crises. La sous-alimentation est aujourd’hui du même niveau qu’il y a quinze ans, un retour en arrière pour la population mondiale. En cause : inégale répartition des richesses, dépendance aux importations alimentaires, catastrophes naturelles, conflits, démographie en expansion, etc. Les causes de l’insécurité alimentaire mondiale sont nombreuses et se cumulent souvent.
Souffrir de la faim, c’est quoi ? |
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Pour la FAO, la sous-alimentation est définie comme la situation dans laquelle un individu n’a pas accès à une quantité de nourriture « suffisante pour fournir l’apport énergétique alimentaire nécessaire à une vie normale, active et en bonne santé ». Elle est mesurée par la part de la population ayant un apport énergétique alimentaire inférieur à un seuil prédéterminé. Ce seuil est fixé par pays « en termes de kilocalories nécessaires pour mener une vie saine et pratiquer une activité physique modérée ». |
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